Pourquoi “Les Fleurs d’Olympe“?
C’est l’histoire d‘une rencontre d’un club avec un groupe de jeunes femmes souhaitant vivre une nouvelle expérience sportive. Armées de détermination, la section féminine de l’AS Fleurance Rugby choisit le nom “Les Fleurs d’Olympe“. Ce dernier relève à la fois de l’attachement à un territoire, la ville de Fleurance et sa devise (Florencia floruit, floret semperque florebit : Fleurance a fleuri, fleurit et fleurira toujours ) et aux valeurs sur lesquelles le groupe s’est construit. Conscientes que l’arrivée et l’instalation d’un groupe féminin dans un milieu encore très masculin, n’est pas chose aisée, elles décident de marquer leur territoire et prendre leur place au sein du club en prenant comme symbole Olympe de Gouges.
Olympe de Gouges, l’invention d’un engagement au feminin
Jeune provinciale de Montauban, née en 1748 des amours illégitimes d’un marquis, Jean-Jacques Lefranc de Pompignan et d’une fille du peuple, Anne-Olympe Mouisset, aurait dû avoir la vie toute tracée – par l’Eglise – des femmes de la petite bourgeoisie de l’Ancien Régime. A savoir, comme l’a résumé Elisabeth Badinter dans l’Amour en plus, demeurer « une créature essentiellement relative. [La femme] est ce que l’homme n’est pas pour former avec lui, et sous son commandement, le tout de l’humanité ».
Marie Gouze, qui, mariée à l’officier de bouche Pierre Aubry, contre son gré, à 17 ans, aussitôt mère, puis veuve à l’âge de 18 ans, décide d’être sa propre création. Les premiers actes d’indépendance de cette Occitane autodidacte, qui maîtrise mal le français, comme 90 % de la population d’alors : se forger un nom, écrire et ne plus se marier, car, comme elle l’écrira plus tard : « Le mariage est le tombeau de la confiance et de l’amour. » Elle lui préférera un contrat social de l’homme et de la femme, préfigurant, avec plus de deux cents ans d’avance, le Pacs. Désormais, Marie Gouze ne sera pas la veuve Aubry mais Olympe de Gouges.
Une femme engagée
L’abolition de l’esclavage « … je vis clairement que c’était la force et le préjugé qui les avaient
condamnés à cet horrible esclavage, que la Nature n’y avait aucune part, et que l’injuste et puissant intérêt des Blancs avait tout fait. » Réflexions sur les Hommes Nègres – 1788
A son arrivée à Paris, elle rêve de théâtre. Introduite auprès des Comédiens du Français par la marquise de Montesson, épouse morganatique du duc d’Orléans, elle fonde une troupe. La première des 30 pièces qu’elle a écrites, Zamore et Mirza ou l’heureux naufrage, en 1785, traite d’un thème tabou, l’esclavage des Noirs. Il faudra attendre le 27 avril 1848 pour obtenir du gouvernant de la Deuxième République française.
Les droits des femmes « Les épouses et les mères d’un peuple libre, fatiguées de l’attente, veulent enfin que leur association conjugale soit volontaire ». Réclamation des femmes – 1791/1792
Si ses contemporains ont pu admettre ses idées féministes, ils lui reprocheront ses prises de position politiques. Ils lui reprocheront la Déclaration des droits de la femme, parodie de l’autre Déclaration, où elle défend les droits des femmes, mariées ou non : droits à la propriété, à la sûreté, à la liberté d’expression, à la résistance à l’oppression, droit à la vie politique pour les citoyennes comme pour les hommes.
En 1795, dans sa Déclaration des droits de la femme, dédiée à la reine Marie-Antoinette, Olympe de Gouges osait écrire : « La femme naît libre et demeure égale à l’homme en droits. » En vain. Il faudra attendre 1945 pour obtenir enfin le droit de vote ainsi que celui de « monter à la tribune », après avoir eu celui de « monter à l’échafaud ».
Elle milite, entre autres, pour le droit au divorce, la recherche de paternité, la création de maternités, la féminisation des noms de métier, le système de protection maternelle et infantile…
L’impôt patriotique « Quel est donc ce moyen que je trouverais convenable à libérer les dettes de l’Etat ? Ce serait, il me semble, un impôt volontaire, dont la Nation s’applaudirait ; et cette action mémorable du cœur français passerait à la postérité… ».
Lettre au peuple ou Projet d’une caisse patriotique – 1788
Olympe de Gouges croit encore qu’elle peut exercer sa citoyenneté au féminin. Dans le Journal général de la France, elle publie sa « Lettre au peuple », un projet de caisse patriotique par l’instauration d’un impôt volontaire pour endiguer la pauvreté. Une première : « L’homme de la halle, ainsi que la femme de charge, éprouveraient une satisfaction sans égale de voir leur nom à côté de celui d’un prince de sang ». Il faudra attendre 1896 puis 1914 pour connaître la création de l’impôt sur le revenu connu à ce jour.
Une réforme sociale
Dans le Journal général de la France, comprenant l’importance de la presse dans l’opinion publique, elle fait part, en décembre 1788, de ses « Remarques patriotiques », un programme de réformes sociales qui imagine une assistance sociale, des centres de soins et d’accueil pour les veuves, les vieillards et les orphelins, des ateliers d’Etat pour les ouvriers sans travail et un impôt, sorte d’ISF avant l’heure, sur les signes extérieurs de richesse (nombre de domestiques, de propriétés, d’œuvres d’art…).
Une indépendante, révoltée
A la suite du collage dans Paris d’une affiche signée Polyme, l’anagramme d’Olympe, conspuant Robespierre, l’artisan de la Terreur, en des termes inadmissibles pour l’« ami du peuple » – « Tu te dis l’unique auteur de la Révolution, Robespierre ! Tu n’en fus, tu n’en es, tu n’en seras éternellement que l’opprobre et l’exécration… Chacun de tes cheveux porte un crime… Que veux-tu ? Que prétends-tu ? De qui veux-tu te venger ? De quel sang as-tu soif encore ? De celui du peuple ? »
Elle fait imprimer, le 20 juillet 1793, une affiche bordée de rouge intitulée « Les trois urnes ou le salut de la patrie », où elle ne demande rien de moins que le droit au référendum des Français sur leur futur gouvernement. A charge pour les citoyens de préférer la monarchie, le fédéralisme ou la République. Accusée de remettre en cause le principe républicain. Marie-Olympe de Gouges,45 ans, est condamnée à la peine de mort. La sentence sera exécutée vingt-quatre heures plus tard.